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L’effondrement de l’Église

Par l’historien Jean-Claude Dupuis, Ph. D. — Photo : PxHere

Nos Seigneurs les évêques devraient lire l’ouvrage de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement (2018).

Lorsque l’on tente d’expliquer la chute rapide de la pratique religieuse, dans les années 1960, on s’en tient habituellement à d’insipides généralités : l’évolution des mentalités, les transformations socioéconomiques, l’influence des nouveaux moyens de communication, etc. On n’explique finalement rien, et on laisse faussement croire que la déchristianisation était un phénomène normal et irréversible.

L’historien Guillaume Cuchet (Université Paris-Est Créteil) va plus loin. Il précise d’abord la chronologie des événements. L’effondrement du catholicisme français ne date pas de 1968. Il ne résulte pas de « l’esprit de Mai 68 », comme l’ont dit les catholiques de droite, ni du « rejet de la pilule par Paul VI », comme l’ont prétendu les catholiques de gauche. Cuchet montre, chiffres à l’appui, que le décrochage s’est produit en 1965, avant même la fin du Concile Vatican II. À l’époque, dit-il, plusieurs observateurs proconciliaires l’avaient remarqué. Mais ils ont gardé le silence pour ne pas fournir de l’eau au moulin des traditionalistes. Certains grands universitaires, comme l’historien Jean Delumeau, allaient même jusqu’à soutenir que le christianisme était en pleine croissance, mais sous une forme différente, et finalement meilleure. L’autoaveuglement était alors de mise dans les milieux catholiques progressistes. Mais le recul du temps permet de porter aujourd’hui un regard plus objectif sur les causes de l’effondrement.

En 1960, l’Église catholique de France était en bonne santé. Il y avait 94 % des Français qui étaient baptisés, 80 % qui faisaient leur communion solennelle, 60 % qui payaient la dîme, 60 % qui s’abstenaient de viande le vendredi, 30 % qui faisaient leurs pâques et 25 % qui assistaient régulièrement à la messe dominicale (c’était 60 % au Québec). La jeune génération, née après 1930, était plus pratiquante que la génération précédente. Les pronostics alarmistes de l’ouvrage La France, pays de mission ? (1943) ne s’étaient pas réalisés. L’Action catholique était en train de convertir la société moderne. Les catholiques tenaient une belle place dans les milieux intellectuels. Les études statistiques du chanoine Fernand Boulard montraient que le déclin de la pratique religieuse, qui avait suivi la Loi de Séparation de 1905, était enrayé. Les évêques envisageaient l’avenir avec optimisme.

Le collapsus est survenu en 1965, à la faveur de la réforme liturgique. Les évêques le savaient, et c’est pourquoi ils ont ordonné à l’équipe de statisticiens du chanoine Boulard de ne plus mesurer le taux de pratique. Après cette date, les historiens ne disposent que de données partielles, mais elles tendent à montrer que la pratique religieuse a diminué de 40 % entre 1962 et 1969. Il y avait 51 % des Français qui se confessaient au moins une fois par année en 1952. Ils n’étaient plus que 29 % en 1974, et 14 % en 1983.

Selon Guillaume Cuchet, la nouvelle messe en langue vernaculaire n’est pas la cause directe de l’effondrement. C’est plutôt le changement de discours du clergé qui a déstabilisé les fidèles, ce qu’il appelle « la crise de la prédication des fins dernières ». Du jour au lendemain, les prêtres ont cessé de parler du péché, de l’enfer, du jugement personnel et même de l’obligation morale d’assister à la messe dominicale.

Les décrocheurs religieux du tournant de 1970 se disaient sans doute : « Avant, tout était péché. Maintenant, plus rien n’est péché. Ce n’est pas très sérieux leur affaire. »

La « Nouvelle Pentecôte » de 1965 a réussi à vider les églises avec plus d’efficacité que la Terreur de 1793.

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